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Blogue d'Alain Favaletto
5 avril 2015

Mars 2015 : peut-on parler de tripartisme ?

tripartisme

Les élections départementales de ce mois de mars ont donné lieu dans une majorité de cantons à l’affrontement au second tour d'un binôme UMP-UDI face à un binôme FN-RBM ou PS.

Dans de très nombreux cas de figure, les circonstances ont poussé une partie de l'électorat de gauche ou une partie de l'électorat de droite à se faire violence pour apporter leur voix à un candidat qualifié pour le second tour, adversaire de son favori au premier tour (sauf abstention de sa part).

Lorsque le report de voix s’opère sur des candidats proches (famille de pensée), le second tour ne soulève aucune difficulté particulière et n'entraîne aucun réflexe électoral nouveau.

En revanche, lorsqu’il s’agit de soutenir un candidat membre d’une famille politique classiquement éloignée de ses convictions premières, ce vote affaiblit la perception d'une bipolarisation droite-gauche et laisse place chez l'électeur à l'évidence du tripartisme.

Cette perception est accentuée par la réalité des résultats arithmétiques selon lesquels trois blocs apparaissent dorénavant : un bloc libéral pesant selon les échéances 30 à 35 % des voix, un bloc patriotique représenté par un seul parti le FN et pesant 25 % à 30 % des voix, un bloc de gauche autour du PS pesant 25 % à 30 % des voix.

A force de pérenniser un mode de scrutin confortable (majoritaire à deux tours) pour éliminer un parti d’une assemblée et sur-représenter des formations politiques peu représentatives, qui sont en capacité de passer des accords politiques, quitte ensuite à se désolidariser publiquement de l’alliance électorale dans l’assemblée, émerge un tiers parti qui se trouve être souverainiste et populiste.

L'émergence du tripartisme est donc autant lié aux problèmes qui accablent la France qu'aux défaillances de représentation démocratique des tendances de l'électorat.

 

De ce point de vue, il apparaît peu probable qu'il puisse s'amoindrir, même dans l'hypothèse où des éléments extérieurs (reprise mondiale) apporterait au pouvoir en place l'auréole d'une embellie économique. Le défaut de représentation resterait une motivation suffisante pour stabiliser et fidéliser l'électorat frontiste.

Dans le même temps parler de tripartisme lorsque l'un des trois blocs ne semble pas pouvoir prétendre obtenir des élus à due concurrence des voix obtenues, paraît exagéré.

D'un coté, à la sortie des urnes ; nous observons trois blocs électoraux distincts mais de l'autre coté, dans les assemblées, nous constatons deux seuls types d'élus possibles : gauche ou droite libérale.

Ce tripartisme, appelé à durer, est donc imparfait, incomplet. On ne peut plus parler de bipolarisation de la vie politique française, induite par la nature constitutionnelle de la Cinquième République. Cependant un véritable tripartisme, tel qu'il a pu exister en France entre 1945 et 1965 ou en Grande-Bretagne de 1922 à 1935 n'est pas encore né. Seul un événement majeur comme l'élection de Marine Le Pen à la présidence de la République en 2017 pourrait, en faisant ensuite entrer des députés FN-RBM à l'assemblée nationale, correspondre à un tripartisme qui ne serait plus seulement celui de l'expression des électeurs mais encore celui de l'existence de trois groupes d'élus.

Alain Favaletto

02/04/2015

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