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Blogue d'Alain Favaletto

27 décembre 2021

Nouveau gouvernement allemand : des conséquences pour la France ?

 

Le nouveau chancelier Olaf Scholz va-t-il faire oublier Angela Merkel ?

 

Les élections législatives en Allemagne ont lieu tous les quatre ans. La dernière s’est déroulée le 26 septembre 2021. Durant 16 ans, de 2005 à 2021 l’Allemagne aura été dirigée par Angela Merkel, représentant le parti conservateur et chrétien-démocrate CDU.

 

Sa longévité politique n’est battue sur le continent européen et parmi les régimes démocratiques, libéraux ou « illibéraux », que par le seul Vladimir Poutine, ce dernier ayant actuellement 17 années d’ancienneté à la tête de l’exécutif. La comparaison pourrait s’arrêter là car Angela Merkel a dû se plier à des alliances avec d’autres partis lui étant en principe hostiles, du moins durant les campagnes électorales, ce qui diffère grandement de la situation en Russie.

 

Ainsi durant ses 16 années de pouvoir, la conservatrice Merkel a gouverné tout d’abord avec le SPD, équivalent théorique du PS français, puis, durant son deuxième mandat, avec les ultra-libéraux du FDP, l’équivalent n’existant plus en France depuis 20 mais rappelant feu le Parti Républicain d’Alain Madelin, et avec la CSU, parti bavarois très conservateur et libéral, sorte de Front National mais favorable à l’Union européenne ; puis dans ses troisième et quatrième mandats, paradoxe suprême pour des observateurs étrangers, Merkel gouverna avec la gauche SPD et à nouveau simultanément avec cette CSU très droitière.

La particularité allemande qui consiste en des alliances en apparence contre-nature n’existe dans aucun autre pays de l’Union Européenne, ou plutôt n’existait dans aucun autre jusqu’à février dernier puisque dans un pays aussi ouvert à la variété des courants de pensée politiques que l’Italie et toujours livré à une concurrence électorale féroce, Mario Draghi a réussi l’exploit de rassembler dans un gouvernement d’union nationale l’ensemble du spectre politique italien : de la gauche populiste à la droite populiste de Salvini.

Ces gouvernements d’union nationale n’ont existé dans les autres pays européens que lors ou à l'issue des conflits mondiaux (Première Guerre mondiale et 1946-47 en France par exemple).

Avant d’examiner les enjeux et les perspectives découlant des élections allemandes de septembre dernier et de la formation d’un nouveau gouvernement sous la direction d'Olaf Scholz, il convient d’avoir à l’esprit cette singularité ignorée ou négligée par nos gouvernants. En général, la grande presse résume cela par l’expression toute faite « le goût du compromis de nos voisins allemands ». En réalité, ces gouvernements d’union nationale plus ou moins complète s’expliquent par une ancienne tradition politique allemande qui impose, de façon naturelle et comme une évidence, l’intérêt national comme critère prédominant des décisions politiques.
On rappellera ici la stupéfaction de la gauche française lorsque le SPD, alors révolutionnaire et défendant les intérêts de la classe ouvrière allemande qui allait se faire massacrer un peu plus tard dans les campagnes françaises, vota les crédits de guerre à l’été 1914 et se rangea derrière l’empereur Guillaume II, ce qui allait entraîner le revirement progressif des autres mouvements ouvriers et l’invalidation des discours pacifiques, notamment celui de Jaurès.

Dans un registre moins dramatique, le ralliement des syndicats allemands à la politique de dumping social décidée en 2003-2005 par le chancelier SPD Schröder, après une année de réticence active tout de même, visant à redresser la balance commerciale allemande et régler la question du chômage par une politique économique mercantiliste dont les partenaires de la zone euro allaient faire les frais, confirme l’idée sous-jacente de « Burgfrieden[1] » comme un des ressorts de ce que les Français imaginent naïvement être « le goût du compromis ».

 

Il faut également préciser que les coalitions de gouvernement sur un très large spectre politique sont rendues possibles en Allemagne par la relative proximité des programmes politiques des différents partis sur les thèmes essentiels même si, depuis 2009, l’émergence du parti de gauche républicaine Die Linke a élargi les débats tout comme la percée de l’AfD dont deux axes programmatiques ne sont pas partagés par d’autres partis : la dénonciation des phénomènes migratoires et, ces temps-ci, le refus des mesures sanitaires.

 

C’est à la lumière de ces propos liminaires que l’on peut mettre en perspective la situation politique allemande née des élections de septembre 21 et les éventuelles conséquences sur ses voisins européens.

 

Le gouvernement d’Olaf Scholz est dénommé coalition feu tricolore (« Ampelkoalition ») au motif des couleurs symboliques attachées aux trois partis formant cette coalition : rouge, jaune, vert, respectivement SPD, FDP, Bündnis90/Grünen. Il se compose de 54 membres dont 16 ministres entourant le chancelier et 37 secrétaires d’État. La coalition a fait l’objet de négociations préalables aboutissant à un contrat de coalition (Koalitionsvertrag) qui n’est en réalité aucunement un contrat au sens juridique du terme mais une simple lettre d’intention ne liant pas réellement ses signataires.

 

Examinons les principales propositions déclinées, durant la campagne, par les trois partis, dorénavant au pouvoir.

 

A tout seigneur, tout honneur, commençons par la politique étrangère :

Examinons ici les deux plans qui nous intéressent : le plan international et puis celui de la coopération européenne.

 

  1. Sur le plan international, les partenaires insistent particulièrement et de façon surprenante sur des thématiques peu compréhensibles dans des pays non-occidentaux et placent au second plan les rapports entre nations ou les conflits latents existants entre Chine et États-Unis par exemple, ou OTAN et Russie, choses pourtant centrales dans les relations internationales si l’on considère que l’action diplomatique vise à maintenir la paix et les bonnes relations entre les nations.

 

Ainsi l’idée de débusquer, dans des pays étrangers, des discriminations à l’encontre des personnes qui s’extérioriseraient comme LGBTQI est abondamment développée, tout comme l’idée, non pas d’éveiller doucement les consciences humaines sur le sort des femmes dans certaines civilisations[2] mais d’imposer l’idéologie féministe ou bien encore de prétendre lutter contre les conséquences de la colonisation oubliant que si la décolonisation a débuté en 1775 en Amérique contre les Anglais, elle s’est achevée à peu près partout il y a un demi-siècle.

On est ainsi très loin des grandes ambitions concrètes telle l’Ostpolitik de Willy Brandt ou de l’immense talent diplomatique de Hans-Dietrich Genscher tenant le juste milieu entre les vagues pacifistes et l’Union soviétique et servant véritablement la paix dans le monde.

Il faut cependant souligner que le programme des Grünen (Verts) est extrêmement détaillé et a manifestement fait l’objet de nombreuses expertises, notamment sur l’aide au développement qui apparaît comme une pierre angulaire de leur programme de politique extérieure ainsi que sur le respect de règles environnementales. Il est intéressant de noter le soutien annoncé à l’initiative française de codification des règles internationales liées à la protection de l’environnement qui, à ce jour, comprend près de 300 conventions bi ou multilatérales plus ou moins contraignantes mais surtout de très nombreuses recommandations non contraignantes et donc peu utiles.

Pour revenir au dur du sujet, aucune inflexion n’est à attendre sur l’appréciation du rôle de l’OTAN. L’ensemble de la coalition réaffirme son attachement à ce qui est pourtant devenu un élément d’instabilité et de risques de guerre depuis la fin du Pacte de Varsovie.

Deux partenaires de la coalition, en l’occurrence le SPD et le FDP, lorgnent sur le siège français de membre permanent du Conseil de Sécurité oubliant que cette situation découle d’une guerre que l’Allemagne a perdue. Les Verts, prudents, réclament seulement la fin du droit de veto des membres permanents.

 

  1. Relativement à l’Union Européenne, et d’un point de vue européiste, non du point de vue d’une coopération européenne d’États souverains, il faut admettre que les points d’aspérité avec ce qui est depuis Maastricht la politique européenne de la France, n’existent pratiquement pas. On peut imaginer que le Président Macron a dû sourire en découvrant le résultat des élections allemandes.

 

D’une réforme de la politique fiscale à la réforme du Pacte de stabilité et de croissance, les partenaires de coalition n’apparaissent pas comme des terroristes punitifs à la Wolfgang Schäuble[3].

 

Seul le FDP pourrait poser des soucis aux partisans de l’intégration toujours plus poussée et à une politique monétaire accommodante. En effet celui-ci propose la transformation du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) et la fin de la politique monétaire actuelle de la BCE.

Par malheur il se trouve que le nouveau ministre des finances d’Olaf Scholz est l’actuel président du FDP, Christian Lindner. Celui-ci est un entrepreneur assez peu académique. Il n’est pas exclu que le pragmatisme gouvernemental l’emporte sur les rigidités dogmatiques du FDP en matière d’orthodoxie monétaire. Ceci étant, (serait-ce un hasard du calendrier ?), chacun aura noté la signature d’un traité d’amitié entre la France et l’Italie le 26 novembre dernier, soit dix jours avant la constitution du gouvernement Scholz. La presse allemande a suggéré que cette soudaine signature n’était pas sans lien avec l’information que le ministère des finances serait confié à Lindner.

 

En revanche, l’approvisionnement en énergie sépare nettement les intérêts français actuels, mais aussi ceux de pays d’Europe centrale, des décisions allemandes prises principalement sous Merkel. Il s’agit bien sûr de la part de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique, la France épousant la tendance mondiale de poursuite du développement du nucléaire civile, l’Allemagne ayant annoncé le 9 juin 2011, sans d’ailleurs la moindre concertation avec ses partenaires européens, une sortie unilatérale du nucléaire. C’était trois mois après la catastrophe de Fukushima. A l’heure de la publication de ces lignes, l’Allemagne ne possède plus que trois réacteurs en activité, voués à fermeture au cours de 2022. Un premier point de frottement est apparu il y a quelques jours lorsqu’à la stupéfaction allemande, la Commission européenne pour une fois bien inspirée a inscrit l’énergie nucléaire dans la taxinomie des activités, non pas vertes – ce qui ne veut rien dire, mais liées au développement durable (https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_21_1804).

La coalition Scholz est prise au piège de ses contradictions, les ministres Grünen retenant mal leur rage, Olaf Scholz tentant de calmer le jeu. Les conséquences de cette taxinomie est en effet que des milliards en provenance de l’UE pourraient être également orientés vers la recherche et le développement du nucléaire civil. Scholz aura le choix de s’abstenir lors des votes au Conseil européen ou de s’y opposer, avec une perspective de victoire assez faible pour une double raison : la majorité des États membres n’y est pas opposée et l’Allemagne a des centrales au gaz, émettant bien plus de Co2 que la moindre installation nucléaire ; or le gouvernement Merkel a laissé inscrire les centrales à gaz dans le projet.

 

Sur le plan économique, l’Allemagne d’Olaf Scholz ne dérivera pas beaucoup de l’axe défini par le chancelier Schröder dans les années 2000, puis poursuivi par Angela Merkel. L’Allemagne a réussi un redressement progressif de son économie à partir de l’introduction de l’euro. Seuls des facteurs extérieurs pourraient apporter des infléchissements. On remarque cependant une fausse note à l’égard du traité CETA dans le sens où le FDP exige l’application complète de cet accord de libre-échange entre l’UE et le Canada qui n’a pas été ratifié par l’Allemagne à ce jour et qui rencontre l’hostilité légitime des Grünen.

 

Globalement, pour des raisons logiques de sauvegarde de l’environnement, les Verts allemands sont très favorables aux circuits courts et plutôt réticents au commerce international et au consumérisme effréné. De ce point de vue, leur position épouse les intérêts de la France dans le cadre de sa politique de relocalisation visant, non seulement à recréer de l’emploi sur place mais aussi à limiter le déficit de sa balance commerciale.

Sur ce point, une forte discordance existe avec le FDP dont l’arbitre pourrait bien être Robert Habeck, ministre de l’économie et du climat, par ailleurs coprésident de Bündnis90/Grünen et signataire du contrat de coalition. Philosophe de formation mais considéré comme pragmatique, il est encore trop tôt pour savoir s’il contribuera à l’action environnementaliste ou s’il cédera aux intérêts des industriels allemands. Compte-tenu de mes propos introductifs relatifs à la reddition ordinaire à l’intérêt national, à moins que ce dernier puisse se confondre avec le respect de l’environnement, j’aurais tendance à penser que le conservatisme économique l’emportera.

Puissé-je me tromper !

 

[1]Burgfrieden ou paix de forteresse implique la mise en sourdine des oppositions internes au profit de l’intérêt de la nation.

[2]Par exemple en réclamant l’application de l’excellente convention d’Istanbul signée en 2014 sous l’égide du Conseil de l’Europe.

[3]Ministre des Finances de Merkel de 2009 à 2017 ayant entre autres achevé de ruiner la Grèce en imposant des mesures coercitives à ce pays et quelques autres à l’aide de la fameuse Troïka. Son sens de la solidarité européenne était tel qu’il se satisfaisait que la Bundesbank emprunte à des taux négatifs sur les marchés et prête à la Grèce à plus de 5 %.

 

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12 octobre 2021

"Zueignung" de Richard Strauss. Alain Favaletto, baryton. D.A. au piano.

Pour écouter, copier-coller le lien ci-dessous :

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=1138718523302221&id=100014922522613

 

Sans titre

12 octobre 2021

"L'Heure exquise" de Reynaldo Hahn. Alain Favaletto, baryton. DA. au piano.

Pour écouter, copier-coller le lien ci-dessous :

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=1138714756635931&id=100014922522613

 

Sans titre

12 octobre 2021

Pourquoi Zemmour ?

Sans titre

 

J'ai rencontré Eric Zemmour cet été.

Je connaissais son courage, courage de dire ce qu'il voit, courage de ne pas se taire ; je connaissais sa grande culture, culture historique, culture politique ; au cours de cette rencontre privée, j'ai découvert un monsieur charmant, dont l'empathie et la modestie tranchent avec le milieu des politiciens de parti, des politiciens de carrière. Voici le texte d'éloges qu'il m'a inspiré, paru en ce mois d'octobre dans le livre de l'universitaire Franck Buleux (« Pourquoi Zemmour ? ») :

 

Eric Zemmour est l’image inversée du monde politique français et c’est la plus grande singularité du personnage et son attrait majeur. Comme quelques grands Français avant lui, il semble s’inscrire sans calcul ni préméditation dans une continuité historique qui excède la dimension temporelle de sa propre existence.

Au rebours des journalistes et politiciens séculiers, il illustre la plus longue mémoire, la parole libératrice, le réveil de l’inconscient national, les rituels collectifs des peuples libres, la méditation sur la francité, sa grandeur et ses frasques.

Il ne se contente pas de quelques accommodements, il rompt les résistances à la vérité, dépeint la réalité, nomme l’ennemi lorsqu’il existe, cite l’ami lorsqu’il le voit. Il part d’une certitude trouvée dans l’Histoire : la France est grande et aimante. Il est le parfait contraire de la logique du monde politique actuel. Il ne nous offre pas que

d’intermittents éclairs. Il reconstruit les murs du temple effondré. Il ne fait pas du pointillisme doctrinal, il triture l’inconscient collectif, réveille la pensée multiséculaire du destin de la France et désengourdit les cœurs alanguis.

Il dénonce les flagrants délits d’assentiment au collaborationnisme des remplacistes et, poliment, face aux officiels, aux décideurs et aux hordes crapuleuses de la curée, l’or et la chair décrits par Zola mais appliqués cette fois à cette république égrotante, refuse la mise à mort de la nation France.

 

Pourtant ! Qui est Zemmour ? Dans la société du paraître, il part avec un handicap de 75 mètres diraient les turfeurs.

Les apparences le desservent. Visage de vagabond famélique, col rigide et dos gibbeux à la tribune, il semble décidément que sur tous les plans, Dieu ait décidé de l’opposer à Jupiter. Serait-ce ce qui fait sa force ? Dans une France déchristianisée, le visage de l’humble l’emporterait-il encore face à la vanité olympienne ?

L’esprit gagnerait-il face à la matière ? Le vieux débat platonicien est clos par Zemmour : l’âme seule examine les objets qu’elle veut connaître. Peut-être est-ce aussi ce qui le rend sympathique auprès des honnêtes gens.

Ressemblerait-il au journaliste de grand chemin, saoulant sur les ondes ou les canaux toxiques, un monde de mendiants d’information épuisé par ses rengaines, qu’on ne le verrait pas. S’apparenterait-il au gros président d’une Chambre, tout plein de nourriture, dégorgeant gueule ouverte des propos de démagogue corrompu avant une élection ou bramant de désespoir au lendemain d’une défaite, qu’on ne l’entendrait pas.

Les voyous sont devenus nos maîtres et sont partout, pétaradant de satisfaction et jetant un peu de miséricorde sur le bon peuple qui souffre sans broncher, presque incrédule, le déclin d’une nation immense.

Débusquant tous ceux qui se drapent, lorsqu’il le faut, dans un patriotisme déguenillé et de circonstance, comme on en trouve tant parmi les élus Les Républicains ou ceux du Rassemblement National, Zemmour bouscule les inlassables décrocheurs de timbales électorales, les habitués des soirées au champagne qui toujours veulent avoir davantage. Il dénonce à mots couverts ceux qui, dans les grands médias télévisuels, servent le pouvoir qui détruit le peuple de France et la France, modestes vilains mascaradant des dompteurs de fauves mais conduisant leurs admirateurs à la glandée.

Il démasque inlassablement ces « progressistes » de gauche et de droite qui ont infligé aux plus innocents des Français la pire trahison, la pire régression, jamais connue depuis le 21 mai 1420 : celle qui livre le territoire des anciens à l’âpre main de puissances étrangères et hostiles.

Bientôt, si rien ne change, à force que les prêtres et fidèles du progressisme s’acharnent à démolir tout ce qui fit ce que nous sommes, les murs symboliques de la France crouleront comme ont croulé les murailles de Byzance et les mains victorieuses détruiront goulûment des siècles de culture et d’intelligence.

Les progressistes drapent leur couardise dans les plis de la vertu, nous conduisant à la régression suprême, celle de l’esclavage subi et organisé sur notre propre sol.

Les progressistes nous mènent à la régression. Tout cela pour leur misérable petit confort de vie, leurs petits mandats électoraux, leurs minables vacances à Davos, aux Caraïbes, aux « States ».

Zemmour, sans fureur, nous rappelle cette caricature de 1789 intitulée « Ça n’durra pas toujour ».

Sans le vouloir peut-être, il se fait l’annonciateur au peuple de France, de l’heure de la révolte, de la résistance à l’envahissement physique, religieux, culturel, juridique, linguistique, esthétique, vestimentaire, olfactif et culinaire d’un peuple ravissant. Il se fait l’annonciateur d’un ultime combat pour nos libertés collectives face à la barbarie

destructrice des idéologies progressistes qui remuent la lie des cœurs. Il est la palpitation finale des cœurs nobles et des gens pauvres. Il est le dernier acte d’amour face aux mensonges des prometteurs de joie. Il est celui par qui l’espoir ne tient plus qu’à un fil de soie. Il est celui qui doit diriger.

Alain Favaletto

 

 

21 juin 2017

Où se cache le racisme ?

Le Président Macron est-il raciste ?

En février de cette année, celui qui n’était encore que candidat à la Présidence de la République a tenté d’accuser son propre pays de crimes au motif de la colonisation. Nous voudrions tout d’abord rappeler que les Arabes, en fait de colonisation, ont sûrement été parmi les plus acharnés, de 732 à nos jours. Le Maghreb a en effet été colonisé par les cavaliers venus des déserts d’Arabie qui n’ont pas respecté les cultures autochtones puisqu’ils les ont totalement islamisées. On attend des excuses des Saoudiens.

De la même manière Tariq, représentant la dynastie Omeyyade de califes, colonise l’Espagne à partir du VIIIème siècle. La résistance s’organisa dès le siècle suivant, preuve qu’il n’y avait pas consentement. Les Espagnols ne se débarrasseront du joug musulman qu’en 1492. Comme quoi tout arrive. Là aussi, il serait bon de réclamer des excuses aux Etats maghrébins.

De 1300 à 1683, l’Empire Ottoman a occupé une partie de l’Europe orientale, Grèce et Bulgarie d’abord puis Roumanie, Serbie et même la Hongrie. Il a fallu de multiples batailles en Europe (par exemple Lépante en 1571, Kahlenberg en 1683) pour que l’Europe se défasse des Turcs. Nous attendons des excuses d’Ankara pour ces siècles d’occupation et de sang.

Par ailleurs nous n’évaluerons pas l’apport des Arabes à l’Afrique mais on y compte peu d’hôpitaux, peu de routes, peu de ports, peu d’alphabétisme, peu de médecine tropicale, peu de droits de l’Homme, peu de principes démocratiques, pas non plus l’abolition de l’esclavage, esclavage pratiqué par les Arabes et les tribus africaines entre elles, mais aboli d’abord par les Français (1793) puis les Britanniques (1833). Nous attendons les remerciements.

Enfin, si la colonisation consiste à occuper un territoire et à imposer ses mœurs et ses coutumes aux autochtones et que ce n’est moralement « pas bien », il y aurait fort à dire sur ce qu’on observe dans la France d’aujourd’hui. Préparons-nous pour que cela ne dure pas 132 ans.

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16 juillet 2015

La fin des dialectes ?

Dans un article paru dans le Spiegel online le 26 avril 2015 (« In Deutschland sterben die Dialekte aus »), il est rappelé qu´en Allemagne, comme partout en Europe, les particularismes linguistiques régionaux disparaissent. Certains de nos voisins allemands s’en inquiètent, pour ce qui concerne bien sûr les dialectes germaniques survivant péniblement en Allemagne, mais la plupart s’en moque éperdument. C’est bien dommage.

Bien entendu si l’on considère la standardisation des modes de vie, des modes de penser, des modes d’expression comme des points positifs de la mondialisation, on ne peut que se réjouir de la disparition des aspérités culturelles entravant la production et la consommation de masse.

Telle n’est pas notre position.

La situation des parlers linguistiques, en France, est identique à celle des dialectes germaniques en Allemagne. Les langues régionales meurent doucement. A leur chevet, quelques docteurs à l’œil humide. Cependant, la dissemblance notable avec l’Allemagne, ou l’Italie, est que nos langues régionales ne meurent pas dans l’indifférence. Elles meurent dans le regret, parfois dans la rage. L’alémanique, par exemple, n’est plus parlé aujourd’hui que par des personnes âgées du Bade-Wurtemberg ou bien alors dans des coins très éloignés des centres urbains, par ceux que les Allemands eux-mêmes appellent des « Hinterwäldler », des gens qui viennent de derrière la forêt. Là-bas, personne ne s’en émeut. C’est bien dommage.

La raison principale est que la langue qui s’est progressivement substituée au dialecte régional est une langue qui lui est apparentée, soit le Hochdeutsch. Ainsi en Allemagne, les dialectes meurent dans l’indifférence. La situation est identique en Italie. Agonie des langues régionales dans l’indifférence générale.

En France, la situation est un peu différente, du moins dans les marches du pays. Ma grand’mère maternelle, petite Touloise aux yeux cérulés, née au début du 20ème siècle, grosseyait encore quelques mots de cette langue d’oïl existant jusqu’aux années 30 de la frontière belge aux hautes vallées vosgiennes. La disparition de ces parlers romans au profit du français standard n’a pas fait plus de bruit que la disparition des dialectes germaniques en Allemagne, adossés qu’ils sont au Hochdeutsch collatéral. Un parler sympathique, immémorial et longtemps usuel laissait place à son cousin littéraire, le français, comme les dialectes germaniques ont laissé place à l’allemand.

Cependant, culturellement il y a déperdition. C’est pour cette raison que la pratique de l’alsacien doit être soutenue. Elle doit l’être, non pour que les Alsaciens puissent apprendre plus facilement l’allemand de façon à pouvoir ensuite s’expatrier en Suisse ou au Pays de Bade, faute de pouvoir trouver du travail chez eux, comme nous l’entendons régulièrement dans la bouche de nos politiciens locaux, impuissants qu’ils sont à redresser la situation économique. La pratique de l’alsacien doit être soutenue parce que ce qui existe depuis longtemps, et qui n’a jamais été contesté comme nocif, doit être préservé. C’est une démarche conservatoire. L’alsacien étant un enrichissement culturel, relié à un enracinement profond, il revêt une légitimité incontestable. Il ne s’agit pas d’en faire une langue obligatoire ou d’imaginer qu’il prenne la place d’une langue universelle telle que le français. Il s’agit de le sauver avant qu’il ne disparaisse. La vérité exige de dire la raison pour laquelle il faut qu’il survive. Cette raison est liée à l’identité collective. Horresco referens ! Si nous soutenons l’alsacien, c’est parce qu’il est une part importante de l’identité régionale. Les gens de l’autre monde, du monde virtuel auquel ils font mine de croire, gauchisants et libéraux, n’encouragent sa pratique que pour des raisons de défilement. Incapables de recréer les conditions du plein-emploi dans les territoires dont ils ont la charge, ils voient dans l’exil forcé de nos jeunes vers l’Est et la Suisse un frein à l’inexorable montée du chômage. Au contraire notre attachement à l’alsacien n’est pas économique. Il est ontologique, lié à l’être et à sa liberté de conservation. C’est la conception qu’intuitivement le peuple d’Alsace a de sa langue. Aucun paysan du Sundgau ou sylviculteur de l’Outre-forêt n’a jamais prétendu qu’il est bon de conserver la langue de ses ancêtres au motif de trouver du travail à l’étranger. Cette incroyable galéjade doit être renvoyée en boomerang verbal à tous nos décideurs UMP locaux qui offrent à nos jeunes la douce perspective de devoir migrer définitivement après leurs études. Qu’ils créent les conditions de l’emploi en Alsace. C’est l’exigence première de leur mandat. Trente ans qu’ils nous saoulent de verbe et de cajoleries pour finalement devoir constater que rien ne change malgré leurs slogans électoraux « Le changement c’est maintenant » (François Hollande en 2012), « Le changement c’est nous » (Nicolas Sarkozy en 2015).

Ainsi les dialectes disparaissent partout en Europe, même en Allemagne. La seule méthode pour y remédier est la subvention des activités pédagogiques et culturelles. L’OLCA,[1] à une échelle très réduite, s’y consacre. Nous y avons participé personnellement en 2010 en montant des spectacles d’opérette trilingues (alsacien, français, allemand)[2] Mais ceci est évidemment insuffisant. La langue se transmet essentiellement par les parents. Lorsque les parents refusent ou rechignent à transmettre leur langue, celle-ci disparaît. C’est à ce niveau qu’il faut agir. Il n’y a aucun sens à chercher des boucs émissaires lointains (« c’est la faute à Paris ») même si cela déculpabilise ceux qui ont failli. Rendre "Paris" responsable est d´une stupidité sans nom (lorsqu’il ne s’agit pas de mauvaise foi délibérée et d’incitation à la haine), mauvaise foi qui serait équivalente à celle de rendre Berlin responsable de la perte de l’alémanique ou Londres de l’amoindrissement du gallois. De la même manière s’imaginer que la ratification de la « Charte des Langues Régionales (l’alsacien par exemple) et Minoritaires » (le turc, l’arabe dialectal, le romani chib, etc…) rendrait vie à l’alsacien est d’une naïveté impressionnante ou relève de la manipulation électorale. Cette ratification mettrait au même niveau le parler régional ancestral alsacien avec le turc ou l’arabe dialectal, langues évidemment hautement estimables mais d’implantation récente et plutôt expansives que menacées. En revanche, cette charte qui, sous l’enveloppe attractive de la diversité et de la protection du petit, a pour objectif de briser les ultimes équilibres des Etats en Europe, au profit d’un modèle fédéral bruxellois dont les avantages sont de moins en moins visibles, cette charte renoue avec une logique ethnique qui n’a rien à voir avec notre Droit. La logique d’une identité ethnique est celle de l’Allemagne. Elle est grosse de débordements de toute sorte, comme l’histoire l’a bien illustré, de la guerre des Duchés (1ère guerre germano-danoise en 1848) aux Sudètes (1938). Contre l’identité ethnique, nous proposons l’identité éthique, celle qui respecte ce qui existe depuis longtemps, qui tire de l’histoire sa légitimité mais qui tient du contrat et du vouloir-vivre ensemble de Renan, sans emprisonner l’individu dans un carcan ethno-linguistique étouffant. Le cadre actuelle d’une France unitaire et largement décentralisée permettrait le soutien à la pratique de l’alsacien. Il suffirait que ceux qui depuis longtemps tiennent le Conseil régional le veuillent enfin et ne se défaussent plus. On se souvient du mot de Napoléon, répondant à quelque général se plaignant d’entendre le Colmarien Rapp donner ses ordres en alsacien : « Que m’importe qu’il parle allemand pourvu qu’il sabre français ». On voit donc bien que les obstacles ne sont pas dans un excès de centralisation - quoi de plus centralisé que la France du 1er Empire ? - mais dans les mentalités locales. La langue régionale est comme cette dame blanche du paravent de Charles Spindler, par ailleurs grand patriote français : elle attend et espère la rencontre de fidèles visiteurs.

Alain Favaletto (Juillet 2015)



[1]             Office pour la Langue et la Culture d’Alsace.

[2]             Notamment dans le cadre du festival Summerlied mais aussi en Allemagne.

26 avril 2015

Culture régionale et hypocrisie

Excellent article paru dans le Spiegel online le 26 avril 2015 qui rappelle qu´en Allemagne, comme partout en Europe, les particularismes linguistiques régionaux disparaissent.

En France aussi. Le regretter, vouloir y remédier, est une chose.

En rendre "Paris" responsable est d´une stupidité sans nom mais est aussi motivée chez certains régionalistes/autonomistes/sécessionnistes par la volonté d´exciter l'électorat de base à la haine contre la France, contre Louis XIV, contre la République, contre notre histoire commune, etc... contre tout ce que le monde a admiré durant des siècles. 

Article particulièrement recommandé à certains pseudo-régionalistes d´Alsace (plus qu´alsaciens), comme M. Cordonnier, ou ayant fait allégeance alimentaire à l´ump comme Mrs Bourhis et Chaton, et qui le plus souvent ne pipent mot ni de l´allemand, ni du dialecte mais s´exhibent en culotte de cuir et plumet. Völkisch un jour, völkisch toujours... (il leur sera offert la traduction en français sur ce même blogue dans quelque temps). A.F.

Sprachforschung

"In Deutschland sterben die Dialekte aus"

Sprachforscher Stephan Elspaß im Interview.

Welche großen Veränderungen des Sprachgebrauchs in den vergangenen 30 Jahren stellen Sie in Ihrer Forschung fest?

Elspaß: Wo ein Vergleich unserer Karten mit Karten im "Wortatlas der regionalen Umgangssprachen" aus den Siebzigerjahren möglich ist, zeichnen sich zwei Haupttrends ab. Erstens bemerken wir, dass politische Grenzen immer stärker sprachtrennend wirken. Ein Beispiel dafür: Früher war die Bezeichnung Erdapfel (Herdöpfel) außer in der Schweiz und in Österreich auch in vielen Gebieten Süddeutschlands in der Alltagssprache sehr üblich. Inzwischen zeigt sich, dass der Begriff immer mehr an die Ränder des deutschen Staatsgebiets gedrängt wird. Die Grenze zwischen Deutschland und der Schweiz beziehungsweise Österreich entwickelt sich immer mehr zu einer Sprachgrenze, auf deren nördlicher Seite man Kartoffel, und auf deren südlicher Seite man weiterhin Erdapfel sagt.

Und der zweite Trend?

Elspaß : Formen, die schon in den Siebzigerjahren eher kleinräumig verbreitet waren, werden weiter zurückgedrängt. Dagegen können wir einen oft behaupteten Trend, dass sich nämlich das "norddeutsche Deutsch" immer weiter nach Süden ausbreite, in dieser Verallgemeinerung nicht bestätigen. Es zeigt sich vielmehr, dass von der Zurückdrängung nicht-dominanter Formen auch norddeutsche Wörter betroffen sind.

So sagen die Jüngeren in Schleswig-Holstein und Hamburg offenbar kaum noch Rundstück, sondern eher Brötchen. Und der Sonnabend, der bis zum Ende des 20. Jahrhunderts als typisch norddeutsches Pendant zu Samstag galt, ist heute eher eine ostdeutsche Variante. Selbst in der altehrwürdigen "Tagesschau" aus Hamburg ist seit Anfang der Nullerjahre nur noch von Samstag die Rede. Für uns erstaunlich zu sehen war auch, dass Abtönungswörter wie halt und eh, die früher klar als Merkmale des "Südens" galten, auch im Norden Deutschlands immer weiter Verbreitung finden und dort inzwischen neben den dort früher üblichen eben und sowieso verwendet werden.

Traditionelle Dialekte werden oft nur noch von älteren Sprechern verwendet. Dann sterben sie aus. Wird die deutsche Sprache immer einheitlicher?

Elspaß : Das kommt sehr auf die Region an. Und es ist natürlich immer die Frage, was man unter "traditionellen Dialekten" versteht. Für die Schweiz wird man aber sagen können, dass die Dialekte oder Mundarten auf absehbare Zeit nicht aussterben werden. In Deutschland ist das hingegen ziemlich sicher der Fall. Selbst in bisher "dialektresistenten" Gebieten Bayerns oder Baden-Württembergs übernimmt die jüngste Generation heute nicht mehr die Dialekte ihrer Eltern. Für Österreich ist das Bild noch nicht ganz klar - das will ich mit österreichischen Kollegen demnächst noch erforschen.

Bilden sich in gewissen Regionen auch neue Dialekte?

Elspaß : Ja, und zwar in urbanen Ballungsräumen. Diese Entwicklung gab es in den letzten beiden Jahrhunderten in Großstädten wie Wien und Berlin oder in Ballungsräumen wie dem Ruhrgebiet. Doch selbst bei diesen "neuen Dialekten" - auch "Stadtdialekte", "Regiolekte" genannt - zeigen sich Abbautendenzen. Diskutiert wird, ob sich in Großstädten unter dem Einfluss von Migrantensprachen neue Varietäten entwickeln, zum Beispiel "Kiezdeutsch". Hier ist es jedoch besonders umstritten, ob man sie als Dialekte bezeichnen kann.

Wie sehen Sie den Einfluss der Mobilität auf den heutigen Sprachgebrauch?

Elspaß : Die zunehmende Mobilität hat sich sicher auf den Sprachgebrauch ausgewirkt. Denken Sie nur daran, dass zum Beispiel im deutschen Reich Ende des 19. Jahrhunderts noch der überwiegende Teil der Bevölkerung auf dem Land lebte. Fast alle konnten lesen und schreiben, aber für die alltägliche mündliche Kommunikation genügte der örtliche Dialekt. Das hat sich im 20. Jahrhundert natürlich grundlegend verändert. Selbst auf dem Land kam man irgendwann nur mit dem Dialekt nicht mehr weit, allein weil es dort nicht mehr genügend Arbeitsplätze gab.

Deutsch ist die meistgesprochene Sprache in Westeuropa. War das schon immer so?

Elspaß : Na ja: Wenn man die Gesamtheit der getätigten Äußerungen - also "Verkehrssprachen" - hernähme, würde eher Englisch die am meisten gesprochene Sprache sein. Aber das ist schwierig zu messen. Als Muttersprache liegt Deutsch sicher schon seit Jahrhunderten zahlenmäßig an der Spitze. Je weiter man zurückgeht, muss man aber vorsichtiger sein: "Deutsch" als Sammelbezeichnung für zum Teil doch linguistisch sehr weit auseinanderliegende Dialekte gibt es noch nicht so lange.

Wie kamen Sie auf die Idee, den "Atlas zur deutschen Alltagssprache" zu erheben?

Elspaß : Mein Kollege Robert Möller und ich haben vor etwa 14 Jahren positive Erfahrungen mit Online-Umfragen unter "Laien" zu ihrem alltäglichen Sprachgebrauch gemacht. Der Rücklauf war jeweils so gut, dass wir uns entschlossen, das gemeinsam in einem größeren Rahmen weiterzuführen - das war praktisch die Geburtsstunde des Atlas. Uns interessierten die Veränderungen der Verbreitung bestimmter Wörter wie Brötchen, Semmel und Weckli. Mit unserer Online-Umfrage bekamen wir innerhalb weniger Wochen über 1800 ausgefüllte Fragebögen zusammen.

Woher stammen die Daten?

Elspaß : Die Daten stammen von unseren Gewährsleuten an über 500 Orten im deutschsprachigen Raum. Wir fragen sie nicht nach ihrem individuellen Sprachgebrauch, sondern betrachten sie als "Experten" für die ortsübliche Alltagssprache. Wenn sie den Sprachgebrauch gut überblicken, genügt uns im Grunde ein Experte pro Ort. Je mehr Experten wir allerdings pro Ort haben, desto besser. Wir bitten die Angeschriebenen, den Fragebogen-Link an potenziell Interessierte weiterzuleiten. Über diese Mischung aus Anreiz- und Schneeballsystem ist über die Jahre ein Stamm von mehreren Tausend Informanten entstanden. Zuletzt haben etwa 10.000 Menschen Fragebögen ausgefüllt.

Die verschiedenen regionalen Varianten werden über Internetumfragen erhoben. Wie funktioniert das genau?

Elspaß : Unser Verfahren verläuft im Grunde in drei Schritten: Am Anfang steht die Erhebung per Onlinefragebogen, dann erfolgt die Auswertung und schließlich werden die Ergebnisse auf Karten präsentiert, die ebenfalls im Internet veröffentlicht werden. Unsere Fragebögen stellen wir seit 2003 in jährlich neuen Erhebungsrunden ins Netz. Natürlich können wir per Fragebogen nur ausgewählte Daten der Alltagssprache erheben. Wir konzentrieren uns auf den Wortschatz, haben aber auch schon nach lautlichen und grammatischen Varianten sowie vereinzelt nach Redewendungen und Wortbedeutungen gefragt.

Immer geht es um die ortsüblichen Ausdrucksweisen. Diese kann - je nach Land und Region in den deutschsprachigen Ländern - mal mehr der Mundart entsprechen (wie in der Schweiz), mal mehr an der hochdeutschen Schriftsprache orientiert sein. Die einfachste Art der Frage besteht darin, dass wir die Abbildung eines Gegenstands präsentieren und die Gewährsleute nach der Bezeichnung fragen, die am Ort üblich ist.

Welche Leute machen bei den Umfragen mit?

Elspaß : Uns geht es dabei, anders als bei traditionellen Dialektatlanten, nicht um den ältesten ortsüblichen Sprachgebrauch, sondern um den alltagssprachlichen Gebrauch der städtisch geprägten, jüngeren bis mittleren Generation. Es hat sich gezeigt, dass wir über das Medium Internet tatsächlich die gewünschte Zielgruppe erreichen. So sind circa 70 Prozent derjenigen, die unsere Onlinefragebögen ausfüllen, zwischen 20 und 39 Jahre alt.

Das Interview führte Marc Brupbacher (Tagesanzeiger.ch)

5 avril 2015

Mars 2015 : peut-on parler de tripartisme ?

tripartisme

Les élections départementales de ce mois de mars ont donné lieu dans une majorité de cantons à l’affrontement au second tour d'un binôme UMP-UDI face à un binôme FN-RBM ou PS.

Dans de très nombreux cas de figure, les circonstances ont poussé une partie de l'électorat de gauche ou une partie de l'électorat de droite à se faire violence pour apporter leur voix à un candidat qualifié pour le second tour, adversaire de son favori au premier tour (sauf abstention de sa part).

Lorsque le report de voix s’opère sur des candidats proches (famille de pensée), le second tour ne soulève aucune difficulté particulière et n'entraîne aucun réflexe électoral nouveau.

En revanche, lorsqu’il s’agit de soutenir un candidat membre d’une famille politique classiquement éloignée de ses convictions premières, ce vote affaiblit la perception d'une bipolarisation droite-gauche et laisse place chez l'électeur à l'évidence du tripartisme.

Cette perception est accentuée par la réalité des résultats arithmétiques selon lesquels trois blocs apparaissent dorénavant : un bloc libéral pesant selon les échéances 30 à 35 % des voix, un bloc patriotique représenté par un seul parti le FN et pesant 25 % à 30 % des voix, un bloc de gauche autour du PS pesant 25 % à 30 % des voix.

A force de pérenniser un mode de scrutin confortable (majoritaire à deux tours) pour éliminer un parti d’une assemblée et sur-représenter des formations politiques peu représentatives, qui sont en capacité de passer des accords politiques, quitte ensuite à se désolidariser publiquement de l’alliance électorale dans l’assemblée, émerge un tiers parti qui se trouve être souverainiste et populiste.

L'émergence du tripartisme est donc autant lié aux problèmes qui accablent la France qu'aux défaillances de représentation démocratique des tendances de l'électorat.

 

De ce point de vue, il apparaît peu probable qu'il puisse s'amoindrir, même dans l'hypothèse où des éléments extérieurs (reprise mondiale) apporterait au pouvoir en place l'auréole d'une embellie économique. Le défaut de représentation resterait une motivation suffisante pour stabiliser et fidéliser l'électorat frontiste.

Dans le même temps parler de tripartisme lorsque l'un des trois blocs ne semble pas pouvoir prétendre obtenir des élus à due concurrence des voix obtenues, paraît exagéré.

D'un coté, à la sortie des urnes ; nous observons trois blocs électoraux distincts mais de l'autre coté, dans les assemblées, nous constatons deux seuls types d'élus possibles : gauche ou droite libérale.

Ce tripartisme, appelé à durer, est donc imparfait, incomplet. On ne peut plus parler de bipolarisation de la vie politique française, induite par la nature constitutionnelle de la Cinquième République. Cependant un véritable tripartisme, tel qu'il a pu exister en France entre 1945 et 1965 ou en Grande-Bretagne de 1922 à 1935 n'est pas encore né. Seul un événement majeur comme l'élection de Marine Le Pen à la présidence de la République en 2017 pourrait, en faisant ensuite entrer des députés FN-RBM à l'assemblée nationale, correspondre à un tripartisme qui ne serait plus seulement celui de l'expression des électeurs mais encore celui de l'existence de trois groupes d'élus.

Alain Favaletto

02/04/2015

4 mars 2015

Maurice Barrès et la réforme territoriale du Pdt Hollande

 

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Dans ces temps où, sur le territoire français, des communautés se forment et se définissent, non plus comme françaises car ayant la nationalité française et se projetant dans un destin collectif français, mais selon des caractères racialistes ou religieux, il pourrait paraître saugrenu et superficiel de nous intéresser à la composante régionale de notre spécificité individuelle, de nous intéresser à ce que nous devons à nos régions comme repères, références et sources d’explication du monde qui nous entoure.

Dans les quartiers populaires, ou pour être précis, dans les cités, des populations malheureusement livrées à elles-mêmes et de fait peu préoccupées de leurs devoirs civiques,  se définissent comme « blacks », « reubeus » (beurs), etc… et désignent volontiers l’Autre, celui qui ne leur ressemble pas, comme « feuj » (juifs) ou « céfrans » (français). Nos bobos des grandes villes, d’autant plus volontiers « antifa » que le fascisme et ses violences aveugles ont disparu il y a 70 ans, acquiescent en souriant d’aise à ce racialisme qui devrait pourtant les heurter. Mais la posture de résistant leur est si douillette et si flatteuse qu’ils en ressemblent à ceux qui en mai 45 trouvaient soudainement le brassard FFI bien seyant. Pas de risque et bonne conscience.

Dans ces conditions, comment peut-on s’intéresser et peut-être soutenir les identités régionales puisque celles-ci aussi peuvent être considérées comme un fractionnement du corps social ?  Certes de la Bretagne à l’Alsace, en passant par le Pays basque ou la Corse, des groupes aussi minoritaires que revanchards brandissent avec fierté les oriflammes d’un génie collectif sensément indépassable et noient leurs frustrations individuelles dans l’affirmation d’une appartenance à une race d’improbables petits seigneurs. Il serait dommage de réduire l’amour de la région, de la petite patrie, du pays comme on disait autrefois, aux feulements de ces tigres de papier. Longtemps, en Alsace, des politiciens locaux ont cherché à raviver la flamme identitaire régionaliste ou autonomiste, espérant trouver dans ce stratagème une survie politique individuelle. Venus des milieux nostalgiques d’un ordre noir, il leur fallait en découdre, à tout prix, contre la gueuse, contre Paris, contre la France, contre l’universalisme, contre Voltaire et Rousseau. Ils créèrent d’autres mouvements, pour exciter les rancœurs et assurer leur survie. Aujourd’hui, d’autres têtes apparaissent. Plus policées, plus courtoises, disons plus à gauche, se drapant dans la légitimité de l’entretien des traditions mais couvant la même haine de la République, la même haine de la France, de son histoire multiséculaire, de sa culture universelle. Il leur faut de la sécession, du règlement de compte, de l’autonomie, du tout petit, du replié, du ranci. Tout gonflés de l’importance qu’ils se prêtent, ils demandent même ce que la France a apporté à notre région. Dans leurs rêves brumeux de Mitteleuropa, plaideront-ils demain l’Anschluss comme Paul de Lagarde le fit en son temps ? Leur « rot-und-wiss » serait-il un «  rot-weiss-rot bis in dem Tod » comme le proclamait fièrement le chancelier autrichien Schuschnigg face à Hitler ou ne s’agit-il finalement que de l’avatar une nouvelle fois rejoué d’un autonomisme de circonstance visant en fait à dénouer le lien avec la République et la France.

« Unser Land », disent-ils. Le « unser » prouve à souhait la rageuse volonté d’exclusion. C’est à nous, pas à vous. On ne partage rien. Ah tiens et pourquoi donc ? C’est bien là leur erreur. Si les traditions locales se sont effondrées en Alsace comme ailleurs depuis une cinquantaine d’années, il faut le regretter, mais constater aussi que ce mouvement de nivellement est mondial et n’est pas stupidement imputable à « Paris ». Des pratiques linguistiques disparaissent chaque année dans le monde. Paris n’y est pour rien. Dénoncer un phénomène sociologique est une chose, désigner des boucs émissaires en est une autre. A de multiples reprises, les Bleu marine ont alerté sur les méfaits des flux migratoires de masse, tout en précisant que les immigrés eux-mêmes n’y étaient pour rien. C’est là que l’on sent la posture et l’imposture chez ceux qui tentent de rallumer la torche humide des régionalistes aux nostalgies suspectes d’« Alsace d’abord ».

L’entretien des identités régionales est compatible avec le patriotisme républicain. Il n’est nul besoin de requérir des peines ou de mener des procès d’intention. Maurice Barrès, fondateur du patriotisme français est aussi, des « Déracinés » à « La Colline inspirée » le défenseur de l’identité régionale. Il est français parce que lorrain comme l’était Mistral parce que provençal. « Lou solèu me fai canta » inscrivit ce dernier sur son blason. « Unser land ! » répondent piteusement d’un slogan racorni ceux qui rêvent d’éclatement et d’affrontements.

Légitime est la protestation contre cette réforme territoriale du Président Hollande, qui vise notamment à inclure l’Alsace dans un ensemble incohérent tant historiquement qu’économiquement. Le referendum d´initiative populaire est l´outil indispensable pour traiter de ces questions de territoire. Les politiciens établis ont voulu une fois de plus contourner les populations, contourner le demos, l’essence même de la démocratie. Souvenons-nous que la fusion du Baden et du Wurtemberg voisins, en 1952, avait fait l’objet d’une consultation populaire, dans une Allemagne pourtant à peine sortie du nazisme.

Ainsi, réclamons pour notre région, au sein de la mère-patrie mais en adéquation avec l’article premier de la Constitution de la 5ème République, un respect de la géographie administrative de l’Alsace et de l’identité alsacienne parce qu’elles sont des composantes de l’identité française.

Alain Favaletto

01/03/2015

 

 

 

 

 

 

 

20 janvier 2015

L'immigration à bras le corps. Un point de vue allemand.

L’immigration à bras le corps. Un point de vue allemand.

L’article reproduit ci-dessous est extrait de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) du 19 janvier 2015. Une traduction résumée est proposée en bas de page.

La FAZ est un quotidien allemand tirant à plus de 300 000 exemplaires à peu près comme le Figaro. Sa ligne est celle du Figaro des années 1980/90, c’est-à-dire libérale et conservatrice. Pour situer l’article, il faut savoir que le spectre politique allemand est nettement plus à droite qu’en France : le candidat vert au Bundestag en 2013, Jürgen Trittin se définit comme patriote, le SPD allemand – équivalent théorique du PS- est un parti libéral anti-étatiste, libre-échangiste et patriote, les syndicats sont peu revendicatifs, favorables à la libre-concurrence, très attachés au service de l’économie nationale, la CDU de la chancelière joue « Allemagne d’abord » dans tous les compartiments politiques et économiques, tout en tenant un discours d’ouverture et de générosité sur le plan international. La CSU, son alliée, est sur de nombreux points un mouvement à côté duquel le Front National pourrait presque paraître internationaliste.

Ici le journaliste de la FAZ explique sans complexe les détails de calcul de deux économistes allemands sur l’existence éventuelle d’avantages financiers à tirer de l’immigration en Allemagne. Le ton de l’article est modéré, selon la coutume allemande, mais semble relever d’une discussion d’épiciers au sujet d’un produit exotique, sans que soit évoquée à aucun moment la misère qui pousse les immigrés à chercher refuge dans une Allemagne qui, pourtant, aime à souligner sa rutilante prospérité.

Le deuxième point peu banal de l’article, eu égard à la timidité de la presse française sur ces sujets, réside dans l’expression des préférences quant à la qualité des immigrés à laisser entrer en Allemagne. Choisir des immigrés qualifiés. Ceux qui rapporteront à la société allemande qui n’aura pas à les former. Fort opportunément, les deux photos de l’article, non reproduites ici, présentes des Asiatiques. Lorsque l’on sait que l’Arbeitsamt (équivalent du Pôle Emploi français) incite à une immigration asiatique plutôt qu’africaine ou nord africaine,1 l’on comprend que le débat sur l’immigration ne revêt pas les mêmes enjeux de justification morale qui paralysent la discussion en France. L’on comprend mieux aussi pourquoi, dès les prémisses de la crise de l’euro en Espagne notamment, les réseaux du Goethe Institut se sont activés à faciliter les formations en langue allemande pour permettre aux jeunes diplômés ibériques de pourvoir les postes de techniciens laissés vacants outre-Rhin par une démographie chancelante depuis des décennies.

Est-ce éthiquement correcte ou non ? L’appréciation sera laissée aux lecteurs.

 

 

F.A.Z. 19.01.2015

von Christoph Schäfer

 Der Preis der Einwanderung

Was ein Zuwanderer den deutschen Staat im Durchschnitt kostet, wird sich nie einvernehmlich klären lassen. Wichtiger ist danach zu fragen, welche Migranten wir brauchen. Hier ist die Antwort klar: mehr qualifizierte Zuwanderung. Dafür ist noch viel zu tun.

 Vier Jahre nach Thilo Sarrazins Bestseller „Deutschland schafft sich ab“ debattieren die Deutschen wieder über Einwanderung. Den Anfang haben die Pegida-Demonstranten gemacht. In den vergangenen Wochen zog es dann auch Zehntausende Gegendemonstranten auf die Straßen. Die Parteien überlegen, wie sie darauf reagieren sollen. Die CSU etwa wollte Ausländer per Leitantrag dazu bringen, « in der Familie Deutsch zu sprechen ». CDU-Generalsekretär Peter Tauber wiederum möchte über ein Einwanderungsgesetz diskutieren.

 Den größten inhaltlichen Fortschritt brachte bislang ein Gastbeitrag von Hans-Werner Sinn in der Frankfurter Allgemeinen Zeitung. Der Präsident des Ifo-Instituts führte aus, dass Deutschlands Immigranten über eine unterdurchschnittliche Qualifikation verfügten. Deshalb verdienten sie weniger und profitierten von der Umverteilung durch den Sozialstaat. Hochqualifizierte dagegen kämen eher nicht. Sinns Fazit: „So, wie die Migration derzeit läuft, läuft sie falsch.“ Konkret koste jeder Migrant den deutschen Staat im Durchschnitt 1800 Euro im Jahr.

Keine eindeutige Antwort möglich :

Das von Sinn errechnete Defizit widerspricht auf den ersten Blick jener Zahl, die Holger Bonin vom Zentrum für Europäische Wirtschaftsforschung zuvor genannt hatte. Er war auf ein Plus von 3300 Euro gekommen. Der Unterschied ist einfach zu erklären: Beide Forscher addieren die Steuern und Sozialversicherungsbeiträge, die Migranten in Deutschland zahlen, und subtrahieren davon die in Anspruch genommenen Leistungen. Dazu zählt Bonin nur individuell zurechenbare Sozialtransfers wie Kindergeld oder Hartz-IV-Bezüge. Außerdem legt er die Ausgaben für Bildung um. Wer an dieser Stelle aufhört zu rechnen, kommt auf den genannten Überschuss. Der Ifo-Präsident berücksichtigt hingegen alle staatlichen Ausgaben. In Sinns Rechnung bezahlt jeder auch die Infrastruktur und die Verwaltung mit. Dann wird aus dem Überschuss ein Defizit von 1800 Euro im Jahr, was bei Millionen Einwanderern ein großes Verlustgeschäft bedeutet.

Das alles sagt noch nichts über die Wirkung von Zuwanderern auf den Arbeitsmarkt und die Demographie aus. In einer rein fiskalischen Betrachtung ist es aber vernünftig, auch die allgemeinen Staatsausgaben zu berücksichtigen. Trotzdem haben auch Sinns Gegner gute Argumente: Sie bezweifeln etwa, dass es fair ist, Neuankömmlinge an den Zinskosten für alte Staatsschulden zu beteiligen. Auch die Bundeswehr werde nicht zwangsläufig größer, wenn mehr Migranten kämen. Das sieht auch Hans-Werner Sinn so. Er hält es deshalb für möglich, das Defizit auf 1450 Euro zu reduzieren. Zur vollen Wahrheit gehört nicht zuletzt, dass der deutsche Staat im Jahr 2012, auf das sich die Rechnung bezieht, insgesamt ein Defizit auswies. Deshalb kommt man für jeden Einwohner auf negative Werte, nicht nur für Ausländer. Ein allgemein akzeptiertes Ergebnis wird es daher nie geben.

Qualifizierte machen einen Bogen um Deutschland

Für gesetzgeberische Konsequenzen ist eine Berechnung, wie sich „die Zuwanderer“ auf den Staatshaushalt auswirken, ohnehin zu allgemein. Die Frage ist vielmehr: Welche Zuwanderer brauchen wir? Aus ökonomischer Sicht ist das leicht zu beantworten: möglichst qualifizierte! Denn je höher die Qualifikation eines Menschen, desto größer ist seine Chance auf ein gutes Gehalt. Über höhere Abgaben profitiert davon die Allgemeinheit.

Wer die durchschnittliche Qualifikation der Migranten erhöhen will, muss drei Gruppen unterscheiden: Asylbewerber, Zuwanderer aus der EU und Qualifizierte aus Nicht-EU-Staaten. Für Letztere sind die Tore weit offen. Wer über einen Hochschulabschluss verfügt und laut Arbeitsvertrag mindestens 47.600 Euro verdienen wird, darf einreisen. Facharbeiter dürfen kommen, wenn sie auf einer Liste mit gesuchten Berufen stehen. Trotzdem machen viele Qualifizierte einen Bogen um Deutschland, denn die Sprache gilt als schwierig, und die Abgabenlast ist hoch. Gleichwohl sollte sich Deutschland stärker um Qualifizierte aus Drittstaaten bemühen.

Viel ist noch zu tun

Bezüglich der Zuwanderung aus EU-Staaten sind die Handlungsspielräume eng, denn für Arbeitnehmer gilt uneingeschränkte Freizügigkeit. Für arbeitsunwillige EU-Bürger, die vor allem auf deutsche Sozialleistungen aus sind, gilt sie nicht. De facto aber gibt es Tricks, um trotzdem Sozialleistungen zu beziehen. So reicht oft schon das Anmelden eines Gewerbes aus, um Unterstützung zu erhalten. Arbeitsmarktexperte Bonin weist zwar darauf hin, dass „sich der weitaus größte Teil der EU-Binnenwanderung nach Deutschland nicht in die Sozialsysteme vollzieht“. Allerdings scheint bisweilen der politische Wille zu schwach, ungewünschten Sozialtourismus mit härteren Vorgaben und Kontrollen anzugehen.

Ähnliches gilt für die Gruppe der Asylbewerber. Selbstverständlich will niemand einen Asylberechtigten nur im Falle einer positiven Kosten-Nutzen-Rechnung ins Land lassen. Es läuft aber etwas schief, wenn viele Flüchtlinge zu Unrecht über ein Nachbarland einreisen, um zielsicher in Deutschland Asyl zu beantragen. Nicht einzusehen ist auch, dass abgelehnte Asylbewerber viel zu selten abgeschoben werden. Zu viel Milde läuft auf eine ungesteuerte Migration hinaus. Deutschland jedoch braucht das Gegenteil: mehr qualifizierte Zuwanderung. Dafür ist noch viel zu tun.

 

Traduction :

Le prix de l'immigration

Ce qu'un immigré coûte en moyenne à l'Etat allemand ne fait jamais l'objet d'une explication à l'amiable. Cependant il est important de se demander de quels immigrés nous avons besoin. Ici la réponse est claire : davantage d'immigration avec qualification professionnelle. Pour cela, il y a encore fort à faire.

Quatre années après le succès de librairie de Thilo Sarrazin2 «  L'Allemagne disparaît », les Allemands débattent de nouveau de l'immigration. Les manifestants de Pediga ont initié le processus. Dans les semaines passées, des dizaines de milliers de contre-manifestants descendirent dans la rue. Les partis politiques réfléchissent à la façon dont ils devraient réagir face au phénomène. La CSU souhaite obliger « les étrangers à parler allemand en famille ». Quant au Secrétaire général de la CDU, Peter Tauber, il répète souhaiter qu'une loi sur l'immigration soit débattue.

Hans-Werner Sinn3 est celui qui, jusqu'ici, a apporté à la FAZ le plus de matière au débat. Le président de l'Institut Ifo avance en effet que les immigrés d'Allemagne sont en moyenne sous-qualifiés. Pour cette raison, ils gagnent moins et profitent de la redistribution via l'Etat-providence. Les plus qualifiés au contraire ne viendraient quasiment pas. Le bilan selon H-W Sinn : « L'immigration telle qu'elle se développe, se développe de travers ». Concrètement chaque immigré coûte à l’État allemand en moyenne 1800 euros par an.

Aucune réponse claire possible :

Le déficit estimé par H-W Sinn contredit au premier regard les chiffres apportés par Holger Bonin, du Centre de recherches européennes sur l'économie. Il parvient en effet à un solde positif de 3 300 euros par personne. La différence est facile à expliquer : les deux chercheurs additionnent les impôts et les cotisations sociales que payent les immigrés et en soustraient les prestations rendues. Mais H. Bonin ne compte que les transferts sociaux individuellement imputables comme les allocations familiales. De plus il néglige les dépenses d'éducation. Qui arrête les comptes à cette étape aboutit à un excédent. Le président de l'Ifo prend au contraire en compte toutes les dépenses publiques. Dans le calcul de H-W Sinn chacun contribue aux dépenses d'infrastructure et d'administration. L'excédent se transforme alors en déficit de 1 800 euros par an ce qui, compte tenu des millions d'immigrés représente une perte financière conséquente (….).

Cependant, il ne paraît pas juste de faire partager à part égale aux nouveaux venus les intérêts courant sur des dettes anciennes. Ainsi H-W Sinn acceptant certains arguments de ses contradicteurs révise à la baisse le coût de l'immigration à 1 450 euros par an et par immigré. Cependant il faut noter que les chiffres utilisés pour ces études relèvent de l'année 2012, année pour laquelle l'Etat allemand était budgétairement déficitaire. En ce sens, tous les citoyens ont eu un coût négatif et non seulement les étrangers.

Les personnels qualifiés évitent l'Allemagne :

Une évaluation comptable de type « que coûtent les immigrés au budget de l’État » est trop générale pour pouvoir en tirer des conséquences juridiques. La question est plutôt : « De quels immigrés avons-nous besoin ? » D'un point de vue économique, la réponse est facile : aussi qualifiés que possible. Car plus haute sera la qualification des gens, plus élevées seront leurs chances d'une bonne rémunération. Or des prélèvements plus hauts profitent aussi à l'ensemble de la communauté.

Qui veut augmenter la qualification moyenne des immigrés, doit distinguer trois groupes : les demandeurs d'asile, les immigrés de l'UE et les personnels qualifiés d’États hors UE. Pour ces derniers, les portes sont grand ouvertes. Celui qui dispose d'un diplôme d'études supérieures et veut gagner au moins 47 000 euros a le droit d'entrer. Les ouvriers qualifiés peuvent entrer s'ils sont sur une liste de professions pour lesquelles on recherche de la main-d’œuvre. Pourtant de nombreux travailleurs qualifiés évitent l'Allemagne pour des raisons linguistiques et fiscales.

Beaucoup reste à faire :

Concernant l'immigration en provenance de l'UE, la marge d'action est étroite car les salariés profitent de la libre circulation illimitée. Les citoyens de l'UE qui ne cherchent pas de travail mais les prestations sociales allemandes ne peuvent normalement pas en profiter. Pourtant il existe des combines pour obtenir des aides. (…). Il semble que la volonté politique soit trop faible pour traiter le tourisme social importun par des mesures et des contrôles plus durs.

Même si personne n'imagine calculer le solde financier d'un demandeur d'asile, la politique d'asile devrait aussi être mieux contrôlée, particulièrement lorsque les demandeurs d'asile entrent clandestinement dans un pays voisin avec le but de parvenir en Allemagne.

L’Allemagne a besoin d'une immigration qualifiée. Pour cela, il reste beaucoup à faire.

 

 

1 « Arbeitsagentur fordert mehr Zuwanderer aus Asien », FAZ, 29/09/2012.

2 Thilo Sarrazin est un homme politique de gauche (membre du SPD) et ancien de la Bundesbank.

3 Hans-Werner Sinn est un économiste non engagé en politique.

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